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LE DIX AOÛT

le roi aurait été très brève. Le roi, d’un air irrité, lui aurait dit : « Il paraît qu’il y a beaucoup de mouvement ? » et Petion aurait répondu : « Oui, la fermentation est grande. » Mandat, qui était présent, aurait ajouté : « C’est égal, je réponds de tout, mes mesures sont bien prises. » Mais le ministre de la Justice Dejoly, témoin oculaire, lui aussi, raconte les choses autrement. Petion prit la parole le premier : « Dans ce moment de crise, dont il ne devait pas dissimuler le danger, il s’était empressé de venir en personne pour veiller à la sûreté du roi et à la conservation de sa famille. » Le roi le remercia « de la manière la plus affectueuse » et la conversation se prolongea pendant quelques minutes. Rœderer ajoute que Mandat se plaignit au maire que les administrateurs de police Panis et Sergent lui avaient refusé de la poudre. Petion répondit : « Vous n’étiez pas en règle pour en avoir. » Débat à ce sujet. Le maire demande à Mandat s’il n’était pas pourvu de la poudre réservée des précédentes fournitures. M. Mandat répond : « Je n’ai que trois coups à tirer et encore un grand nombre de mes hommes n’en ont pas un seul et ils murmurent. » Petion ne voulut pas en entendre davantage. Sous prétexte qu’on étouffait il descendit dans le jardin. Des grenadiers qui l’aperçurent se rapprochèrent, l’entourèrent en murmurant des menaces et des injures. L’un d’eux, plus hardi, lui reprocha directement de se laisser dominer par les factieux. Petion bredouilla : « Monsieur, qu’est-ce que cela veut dire ? Vous oubliez le respect, vous manquez… Ah çà ! Voyons ! » Il reprit ensuite sa promenade, mais il avait eu peur. Quand le roi lui fit dire un peu plus tard de remonter dans les appartements, il ft la sourde oreille. Un de ses amis, l’officier municipal Mouchet,