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L’INSURRECTION

portaient en lettres noires : Entrée des appartements. Le commandant général Mandat se multipliait. Fort de l’autorisation générale que lui avait donnée Petion, le 8 août, il renforçait les postes, convoquait des réserves, faisait battre le rappel, mais il était réduit à puiser dans les rares sections restées royalistes et dont les états-majors n’avaient pas été destitués. Il ft venir ainsi pendant toute la nuit des détachements des Filles-Saint-Thomas, du Petit-Saint-Antoine, des Petits-Pères, de Henri-IV, de Saint-Roch, etc. En tout, 2 600 hommes environ qui prirent successivement position avec leurs canons dans les cours du château ou dans le jardin des Tuileries. Mais Mandat comptait surtout après les Suisses sur la gendarmerie à pied et à cheval, l’ancien guet, fort d’un millier d’hommes qu’il répartit aux points stratégiques : 100 hommes pour garder le Pont-Royal, 60 au Palais Royal, 100 en réserve à l’Hôtel de Ville, 580 à la colonnade du Louvre, d’autres au Carrousel, etc.

À 10 heures les ministres arrivent au château conférer avec le roi dans la salle du Conseil. Le roi fit appeler à la délibération le procureur général syndic Rœderer, qui arriva à son tour vers 11 heures. Mandat, de son côté, avait écrit au maire à deux reprises pour lui représenter que sa présence était nécessaire, Il avait probablement l’arrière-pensée de lui faire endosser la responsabilité des ordres qu’il avait donnés pour appeler au château des renforts et des réserves. Petion présidait le conseil général de la Commune quand il reçut le dernier billet de Mandat. Il hésitait à quitter l’Hôtel de Ville. Mais plusieurs officiers municipaux, Boucher René, Borie, J.-J. Leroux, Viguier s’offrirent à l’accompagner et il partit avec eux. Si on en croyait Petion lui-même, sa conversation avec