Page:Albert Mathiez - Le dix août - Hachette 1934.pdf/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE DIX AOÛT

jurés, etc., qui ont tenté des poursuites contre les citoyens pour leur opinion. C’était briser d’avance les forces légales qui auraient pu s’opposer au mouvement. Mais il importait de coordonner et de lier en faisceau les forces révolutionnaires.

Dès le 7 août, sur la proposition de Lullier, la section Mauconseil avait eu l’idée de proposer à toutes les sections d’élire chacune six commissaires « qui par leur réunion formeraient un point central à l’Hôtel de Ville ». « Leurs fonctions seraient de s’entendre avec la municipalité sur les moyens d’entretenir le calme et la tranquillité, de communiquer les arrêtés de leurs sections respectives et d’en poursuivre l’exécution auprès de la municipalité, de choisir parmi eux des commissaires qui assisteront aux séances des corps administratifs dont la publicité a été ordonnée par décret. » Il n’est pas douteux que les réunions précédentes des assemblées de commissaires qui avaient élaboré les deux adresses à l’armée et à l’Assemblée nationale pour la déchéance n’aient fourni à Lullier l’idée de sa proposition. Il ne songeait pas encore à créer un nouveau conseil général à côté du conseil général existant. I] lui suffirait d’orgamiser un « point central » qui serait en même temps une assemblée de surveillance des pouvoirs établis. Or, le 9 août, à 11 heures du soir, la section des Quinze-Vingts reprend à son compte le projet de Lullier, mais en l’aggravant. Elle décide « que l’on nommerait trois commissaires par section pour se réunir à la Commune et aviser aux moyens prompts de sauver la chose publique et, à cet effet, on a décidé qu’on ne recevrait d’ordre que de tous les commissaires de la majorité des sections réunis ». Le point central ainsi formé ne sera plus