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LE DIX AOÛT

qui longeait le fleuve, il ft pratiquer une coupure profonde dans le parquet de la galerie. Dans la nuit du 8 au 9 août le reste du régiment suisse arriva de Courbevoie. 458 hommes furent installés tant bien que mal dans les écuries de l’hôtel de Brionne. Le roi avait pris au sérieux les menaces de la section de Santerre. L’Assemblée nationale, au contraire, ne semble pas avoir compris la gravité de l’heure. Le 7 août, elle nomme à sa présidence le Feuillant Merlet. Le 8, elle entend enfin, bien tard, le rapport du Girondin Jean Debry sur le cas de Lafayette. Jean Debry propose la mise en accusation du général factieux qui a parlé des Jacobins dans les mêmes termes que les émigrés de Coblentz, qui a proclamé que le roi n’était pas libre, que l’Assemblée sortait de la Constitution, etc. Mais Vaublanc fait, au contraire, l’éloge du général qui n’a fait que défendre la légalité et il conclut par une provocation : que l’Assemblée montre aux adversaires de la Constitution leur impuissance, car, « réduits à eux-mêmes, ils ne sont rien ! » En vain Brissot, faisant litière de son ancienne amitié pour Lafayette, prononce contre lui un vif réquisitoire, destiné sans doute à faire oublier aux Sans-Culottes ses volte-face antérieures, l’appel nominal absout Lafayette par 406 voix contre 224. La foule furieuse se livre à des voies de fait contre Vaublanc et contre les députés de son parti qui se plaindront le lendemain avec amertume. Vaublanc parlera même de proposer à l’Assemblée de quitter Paris. On atteignit ainsi la date fatidique du 9 août sans avoir rien fait que de donner de nouveaux griefs aux mécontents. Le procureur général syndic du Département Rœderer vint annoncer à l’Assemblée que, la