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L’INSURRECTION


faubourg. C’est un féodal de la bière et de l’épaulette. À l’heure décisive, la nouvelle Commune révolutionnaire ne pourra mieux faire que de le nommer au commandement général de la garde nationale retiré à Mandat. Il dirigera la prise du château.

Or, c’est sa section qui a préparé et conduit les événements. C’est à elle qu’aboutissent tous les fils. C’est elle qui donne les mots d’ordre et qui imprime à l’ensemble l’unité et l’élan.

D’abord elle a fixé la date, irrévocable cette fois, de la journée. Quand Petion lui avait demandé, le 4 août au soir, de ne pas s’associer aux Fédérés qui voulaient marcher sur le château dès le lendemain, elle avait consenti à l’ajournement, mais en fixant la limite de sa patience « jusques à jeudi prochain (9 août), 11 heures du soir, pour attendre le prononcé de l’Assemblée nationale », et elle avait ajouté que si Paris n’obtenait pas justice et droit du corps législatif, ce même jour « à minuit le tocsin sonnera et la générale battra et tout se lèvera à la fois, à l’instant ». Santerre s’est vanté que cet arrêté des Quinze-Vingts avait été pris sur sa proposition. La date fatidique du 9 août à minuit ne fut pas gardée secrète, au contraire ! Fédérés et sections l’adoptèrent et une affiche, placardée le 9 août et intitulée : Le tocsin de la liberté, la rappela aux passants.

La Cour fit son profit de l’avertissement. Dès le 5 août, le roi écrivit à Mme de Brionne pour lui demander de lui céder son hôtel situé en avant du château sur la cour de Marsan pour loger ses gardes suisses. [l en fit venir, dans La nuit du 4 au 5, un premier détachement. De crainte que les envahisseurs ne pénètrent dans le château par la galerie du Louvre