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L’INSURRECTION

pas au club que s’est rendu Danton, mais à sa section où il ne resta du reste qu’un court instant. Après son somme, il se dirigea vers l’Hôtel de Ville pour siéger au corps municipal en sa qualité de second substitut du procureur-syndic. Quant à l’arrêt de mort de Mandat, dont il s’est vanté, il n’a pu le faire, puisqu’il fut l’œuvre, non du corps municipal et de la Commune légale, comme nous le verrons, mais de la nouvelle Commune insurrectionnelle. Le procès-verbal de la séance où fut jugé Mandat ne le nomme même pas.

L’insurrection n’en eut pas moins un centre et un chef, Le centre fut cette même section des Quinze-Vingts, qui avait déjà organisé la manifestation du 20 juin 1792, et le chef fut ce même Santerre qui l’avait commandée. Mais, alors qu’au 20 juin Le faubourg et Santerre réclamaient le rappel des ministres girondins, cette fois, au 10 août, ils ferment l’oreille aux conseils lénitifs de Petion et des Brissotins pour n’écouter que les Montagnards et pour exiger avec eux la déchéance et la Convention.

Quand on parcourt les mémoires ou les récits des hommes d’action qui ont mené les foules, Chaumette, Fournier, Barbaroux, Moisson, Carra, on est frappé de la place prépondérante qu’y tient Santerre. Il leur paraît à tous l’homme essentiel, celui dont le concours est indispensable. Santerre est de tous les conciliabules du directoire secret. Il est de la première réunion du Cadran Bleu le jour du repas fraternel sur l’emplacement de la Bastille. Les conjurés du repas de Charenton avec les chefs marseillais, le 29 juillet, ne décident rien sans lui dépêcher Foumier. Le lendemain, c’est lui qui reçoit les Marseillais et prend la tête du cortège, etc. Il parait à Fournier et à Barbaroux un personnage tellement important que