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Genèse de la constitution


€ très désavantageux à M. le cardinal d’être opposé a à un roi pieux et qui soutientla bonne cause. C’est « le fait*. »

Qui donc a, peu à peu, abandonne Noailles et autorisé contre lui des mesures de rupture et de coercition, sinon celle même qui assiégeait l’esprit du prince, accaparait sa confiance et par là tenait mystérieusement les fils.de notre politique ? Avec quelle habileté et quelles précautions ne se mêlait-elle pas aux grandes choses de la diplomatie ou delà religion, sous le couvert des goûts modestes qu’elle cultivait à Saint-Cyrl La maîtresse d’école dérobait au public crédule la maîtresse royale et la femme d’Ëtat. — Pour Louis XIV, pareil phénomène se produit. Plusieurs voudraient, par respect monarchique, que tout l’imbroglio de la bulle Cnigenitus fût né à Rome, dans le cerveau de jésuites intrigants et de re/a^i// cosmopolites. Mais les dépêches officielles de notre dépôt des affaires étrangères ne laissent, à cet égard, subsister aucun doute. C’est Louis XIV qui avait demandé la bulle ; c’est encore lui qui défère au pape, le 12 avril 1712, l’affaire des trois évêques, renonçant ainsi à l’une desplus essentielles prérogatives de l’église gallicane et livrant au Saint-Siège une contestation qui n’eût jamais dû sortir de France. Cet abandon de nos vieux usages déconcertait et désolait les parlementaires attachés auxlois du royaume, les évêques encore épris de leurs droits, quiconque avait le sentiment de la dignité nationale et l’horreur des envahissements romains. € En rendant le pape seul juge de la doctrine, — € s’écrie d’Agucsseau, — on le met en l’état de faire € passer, quand il le voudrait, toutes les opinions

K, Madame de Maintenon,LQi{vQ ou duc de Noailles, S3 janvier 1712.

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