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3È0 LA FRANCE ET ROME DE 1700 A 1715

Clément XI eut plus de confiance, de candeur ou d iiifatuation. Il s’imagina qu’aussitôt sa bulle promulguée, la paix régnerait, de gré ou de force, dans 1 Valise de France. Port-Royal n’avait-il pas été balayé par l’orage ? Et quelle résistance pouvait tenir là où le Port-Royal venait de succomber ? — Si les hommes de la curie avaient prêté une oreille aUontive aux bruits qui s’élevaient par-delà les Alpes, à la rumeur déjà grossissante de toute une fraction de l’épiscopat gallican, ils eussent perdu quelque peu de leurs illusions et de leur outrecuidance. Ce n’est pas des réclamations isolées, mais bien un concert formidable de protestations, qui accueille, l’annonce, encore vague, du recours introduit à Rome. Quiconque, prêtre ou magistrat, a gardé la notion des franchises nationales, gémit de ce lum vel affront qu’on leur prépare. Des parlementaires CMiiime d’Aguesseau se récrient contre « la grande |ikie que l’on fait à nos libertés* >. Quesnel exilé, mais toujours intrépide dans son catholicisme en dojiitdu pape et du roi, adresse d’Amsterdam à Petitpied, le 13 novembre 1711, une lettre qui traduit l’opinion vraiodes jansénistes, directement visés par la manœuvre de Louis XIV :

a Je ne suis guère surpris de ces sortes de démarches. Il n’y a rien à quoi je ne me sois toujours « attendu. C’est l’affaire des jésuites, c’est tout dire. « Je n’ai guère le courage de rien faire, parce que je « sais assuré que tout cela ne fera rien changer aux <i projets. Le parti est pris, l’autorité est engagée, « l’opposition est faible, et, quelque raisonnable que < soit un écrit, il n’y a personne pour le faire valoir. « Je verrai si je pourrai faire quelque chose ; mais»

|> AIT. élr. Rome, 62i. D’Aguesseau à Torcy, 14 avril 1712.