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LOUIS XIV DEMANDE UNE BULLE 385

9 évèques de France avec le respect qui lui est dû, € et qu’en la recevant ils useront uniquement des « termes dont le cardinal de Janson était convenu € avec Sa Sainteté au sujet de la dernière constituc tion*. »

Ainsi, dans la pensée de Louis XIV, c’était un contrat synallagmatique. Il sollicitait du pape une bulle dont la France avait besoin, et par contre il répondait de ses parlements ainsi que de ses évêques. Il soulignait ce point avec une particulière insistance : « Vous demanderez un projet d’acceptation et vous € me l’enverrez. Toutes les expressions en seront € examinées, de manière que lorsque j’en serai con- € venu avec Sa Sainteté, elle pourra être sûre que t les évèques de mon royaume s’y conformeront c entièrement, et vous lui donnerez ma parole qu’ils € accepteront la constitution de la manière uniforme € dont je serai demeuré d’accord avec elle*. » Devant cette parole donnée, le pape se crut suffisamment couvert et prémuni contre toute mésaventure diplomatique. A lui d’accomplir son travail de théologien :

Louis XIV, faisant son métier de roi, assurerait 

le sort de la bulle, au mieux des intérêts politiques et religieux. Cependant, avec un peu de clairvoyance, le Saint-Siège eût flairé le danger. Par quel miracle pouvait-il mettre au jour un monument de doctrine ecclésiastique qui flattât tout ensemble les ambitions ultramoataines et les passions gallicanes ?

Quel monstre amphibie espérait-on de sa 

complaisance ? C’était marier le Grand Turc avec la république de Venise, l’infaillibilité .papale avec les maximes de 1682.

i. Aff. élr. Rome, 514. Le roi au cardinal de la Tréraoill’^, 16 novembre 1711. 2. Ibid,

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