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LOUIS XIV DEMANDE UNE BULLE 381

et par le courrier suivant, — 19 décembre, — Philopaldrend compte de ce qui s’est passé dans la dernière audience pontificale : t M. le cardinal delaTrémoille me fit hier l’honneur de me le raconter. Il dit tout d’abord à Sa Sainteté que le roi, voulant faire cesser la division que le livre causait dans le royaume, priait Sa Sainteté do vouloir bien le condamner par une constitution, qu’il l’assurait que, pourvu qu’on n’y insérât rien qui soit contraire aux maximes de Téglise gallicane, elle [serait unanimement reçue dans toutle royaume. Sa Sainteté reçut la demande avec plaisir, promit qu’on ferait la constitution confornnément aux maximes du royaume, dit à la Trémoille qu’il pouvait s’entendre avec Fabroni qui est chargé de tout le détail, et, sur ce que son Éminence lui représenta que le roi souhaitait que Sa Sainteté eût la bonté de qualifier quelques- unes des propositions du livre, elle répondit qu’elle n’avait point de difficulté de le faire, qu’il serait aisé de trouver dans ce livre-là un bon nombre de propositions qualifiables, et qu’il pouvait en parler à Fabroni, lequel Fabroni a dit ou fait dire depuis à la Trémoille qu’on pouvait fort bien qualifier quelques propositions, mais qu’il appréhendait que cette qualification ne fit plus de mal que de bien et ne donnât occasion à certains esprits inquiets et subtils de susciter de nouvelles brouilleries. Vous voyez par là, monseigneur,

Ïue l’affaire est en de mauvaises mains. Votre Iminencc connaît parfaitement bien Fabroni et

le 5 décembre : « Sa Sainteté m*a marqué une grande répugnance à donner une constitution, craignant (qu’elle ne lui attirât autant d’embarras que la précédente. Je n*ai eu garde de le rassurer làdessus, mais ie lui insinue au contraire que sa crainte est bien fondée par l’a Uachement que les Français ont à leurs usages. » (Bibl. nat. mt. 23227.)