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VI INTRODUCTION

grandissent, se multiplient et se pressent, jusqu’à étouffer celle qui les a portés. En dépit des amputations et des amoindrissements, l’église centrale subsiste. Au ix* siècle, la moitié de l’Europe lui échappe : le patriarchat de Constantinople se dresse en face du siège romain, et la communion orthodoxe, groupant contre les barbares toutes les forces de l’Orient, conserve dans la simplicité naïve et charmante de son culte la poésie et la fleur du premier âge chrétien. Avec ces souvenirs qu’elle entourera d’une tendresse profonde, immobile dans l’observance des vieux usages et pieusement attachée aux traces des apôtres, elle garde sous sa domination la contrée tout entière où s’est développé l’Évangile et le sol même où il est éclos, le berceau et le tombeau du Christ, Bethléem, Nazareth et le Golgotha, lieux sacrés dont elle respire, avec une adoration enfantine, le parfum léthargique et doux.

La catholicité, dès lors, se trouve coupée en deux tronçons. Rome riposte à cette scission, qui pouvait être mortelle, en déplaçant l’axe de sa politique et en se rejetant vers l’Occident. Si elle a perdu, par le schisme de Photius, les pays de langue grecque ou slave, elle retient l’Europe germanique et latine. Sa suprématie y durera six siècles, sous la nuit lourde du moyen âge, à