Page:Albanès,Les mystères du collège,1845.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
DU COLLÈGE.

quillité de la nuit est assurée, il tire ses bottes, met son bonnet de nuit et s’endort l’esprit tout parfumé des leçons qu’il a fait réciter, et le cœur joyeux des punitions qu’il a prononcées, des pensums qu’il a fait griffonner, mais gonflé de colère, de rage, des plaisanteries, des charges dont il a été l’objet durant la journée.

De bon droit, une bonne nuit pour le pion, convenons-en, ne serait pas une chose volée.

Dix heures sonnent à l’horloge du collège. À cette heure-là nombre de gens, à l’humeur douce et pacifique, aux habitudes régulières, sont couchés et, ce qui vaut mieux encore, endormis ; un dieu bienfaisant, Morphée, leur a clos la paupière, et, bercés par d’heureux songes, ils passent des nuits filées d’or et de soie.

Le collégien, lui, ce n’est pas tout à fait ça ; ses jours et ses nuits ne sont filés ni d’or ni de soie ; il ne tient ni à l’un ni à l’autre, et, sans s’en douter, il prouve bien souvent que

L’âge d’or était l’âge où l’or n’existait pas.

Le collégien, lui, rêve le jour aux malices qu’il fera la nuit, et bien souvent la nuit aux malices qu’il fera le jour. La nuit, du reste, est favorable aux méditations sur toutes choses, que l’on soit roi, ministre ou collégien.

On entend marcher, courir dans le dortoir, qu’est-ce ? Tous les éveillés prêtent l’oreille et se penchent pour regarder. Ils aperçoivent, quoi donc ? Oh, c’est délicieux ! un chat