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NELLA



Le Départ


L’horloge avait déjà sonné la douzième heure ;
La lune avait éteint son nocturne flambeau ;
D’un pas vif et léger sorti de sa demeure,
Le jeune Edmond fuyait caché sous son manteau.
La nuit était obscure et pourtant embaumée
D’une vague senteur que le vent disputait.
Il s’en allait trouver sa blonde bien-aimée
Qui, pour lui dire adieu, chez elle l’attendait.
Sur ce sol enchanté qu’on nomme l’Italie,
Où l’on meurt sans regret si l’on y vit un jour,
À l’heure où tout s’endort, à l’heure où tout s’oublie,
Qui sait combien de cœurs parlent tout bas d’amour ?
Au détour d’une rue où le fleuve de Rome
D’un flot plus bouillonnant semble creuser son lit,
S’arrêta, toujours seul, notre amoureux fantôme,
Et bientôt d’un balcon une voix répondit.
Une errante lueur éclaira la fenêtre ;
Une porte s’ouvrit et se ferma soudain.