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NELLA.

Ses lèvres retenaient des paroles errantes ;
Sa poitrine agitée étouffait un sanglot.



Le lendemain, à l’heure où l’errant crépuscule
Efface au jour qui naît sa clarté qui recule,
Nella chantait déjà son air napolitain,
Quand elle ouvrit sa porte à l’air pur du matin.
Ô spectacle imprévu ! dans l’escalier humide
Un cadavre gisait, défiguré, livide ;
Sous le linge entr’ouvert, par la lame rongé,
Le poignard dans la plaie était encor plongé.
Pauvre insensé ! Nella le reconnut sans peine.
Il aima mieux mourir que vivre avec sa haine.
Enfant ! qui s’est tué pour un indigne amour !
Qui pourrait l’en blâmer et l’eut fait à son tour ?
Ton rêve s’est enfui, ta vie était amère,
Et tu t’en es allé sans songer à ta mère
Et tu ne savais pas, dans ton sublime effort,
Qu’un douloureux mépris venge mieux que la mort.

 
L’artiste sur son lit bâillait avec tristesse.
Il accourut soudain aux cris de sa maîtresse ;