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Quand j’ai senti ce feu qui brûle et qui dévore,
Ce fut pour cet ami qu’ici vous insultiez.
Si je vous ai juré de demeurer fidèle,
Mon cœur en cet instant ne vous a pas trompé ;
Mais l’absence éclaircit une erreur trop cruelle :
Cet amour passager s’est bientôt dissipé.
Je me souviens toujours du crucifix d’ivoire,
De nos pleurs, des adieux, de nos serments confus :
Ces souvenirs brisés remplissent ma mémoire,
Mais, malgré mes regrets, je ne vous aime plus.
Notre amitié vaut mieux que cet amour fragile.
Fuyons-nous aujourd’hui pour ne plus nous revoir.
Sans espérance, hélas ! l’amour est inutile :
Le vôtre, mon ami, vous défend d’en avoir.
Votre réveil tardif est un réveil bien triste ;
Le rêve que j’ai fait a duré moins longtemps.
À la réalité si votre cœur résiste,
Ne nous revoyons plus : il en est encor temps.
Écrasez maintenant votre infidèle amie,
Brisez-moi devant vous, foulez-moi sous vos pas,
Je ne mentirai point, car vous savez ma vie,
Je vous dirai toujours : je ne vous aime pas… »


Edmond tordait au ciel ses deux mains suppliantes ;
Mais il sortit enfin sans murmurer un mot.