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Non plus ce front charmant où l’innocence brille,
Non plus ce chaste cœur dont l’amour fut si doux :
De toute la beauté dont un front se couronne,
De toute la pudeur dont s’enivre l’amour,
Il ne restait, hélas ! comme un parfum d’automne,
Qu’un rayon passager, qu’un cœur mort sans retour
Edmond, dont la douleur cherchait une parole,
Vers ce fantôme aimé n’avait pas fait un pas.
Mais, étouffant ses cris sous une rage folle,
Il voulait s’élancer et ne le pouvait pas ;
— Terre et cieux ! cria-t-il enfin, mais c’est un rêve !
Sa maîtresse, Nella ! c’est Nella que je vois !
Ah ! ce cri déchirant qui dans mon cœur s’élève,
Ah ! c’est donc le réveil ! ô Nella, c’est donc toi…
Et ce fut, à coup sûr, un lugubre silence,
Quand ces mots, dits tout haut, expirèrent tout bas.
Mais Nella répondit avec indifférence :
« — Qu’avez-vous donc, Monsieur, je ne vous connais pas. »
Alors, tout un passé d’ivresse et de délire
En flots désespérés arriva jusqu’à lui.
Nella, qui le comprit, essaya de sourire,
Mais dans les yeux d’Edmond un éclair avait lui.
Il s’élance, muet, sur son ami d’enfance
Qui ne se défend point et recule un moment ;
Crache un blasphème au ciel, comme un homme en démence,
Puis aux pieds de Nella se jette éperdûment :