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D’ailleurs le ciel d’azur et Naple et ses collines
Sont, lorsqu’on veut rêver, des ressources divines.
Porter ses pas errants de Pouzzole à Baïa ;
Mouiller son front paisible aux brouillards d’Ischia ;
Gravir devant la mer les roches de Sorrente,
Et songer que demain on revoit son amante :
Je ne sais rien vraiment de plus voluptueux
Que ce vague retard du plaisir d’être heureux.
Quoiqu’un désir secret put le tenter encore,
Edmond allait partir pour Rome dès l’aurore,
Lorsqu’un soir, attardé sur le sable endormi,
Il avait rencontré ce français, cet ami,
Un fier jeune homme, un cœur ardent, un fol artiste,
Promenant sous les cieux ses songes de touriste.
Leur surprise passée, ils causèrent. — Ma foi,
Dit Edmond, en riant, qui m’eut parlé de toi
À Naple, m’eut surpris. Depuis quand le Vésuve
Te fait-il respirer son amoureuse effluve ?
— Tu dis bien. Amoureuse. Oui, sans l’avoir cherché,
L’amour m’a recueilli. Je n’en suis pas fâché.
Je m’ennuyais déjà, mon cher ; c’est une histoire
Commune, et cependant c’est à ne pas y croire :
Un ange ! — Ah ! toujours, dit Edmond en souriant.
— Elle est folle et jolie, et c’est presque un enfant !
Fit l’artiste en gaîté, je suis heureux ! — Pauvre être !
Si j’en avais le temps je voudrais la connaître,