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Je me relevai bientôt, à peu près maîtresse de moi-même. Les cousines de M. Conan, arrivées depuis deux jours, recouraient à moi pour les informations précises, les détails matériels. Automatique, refoulant tout sentiment personnel, j’exécutai ce qu’on attendait, écrivant lettres sur lettres pour prévenir les amis personnels, les parents, quelques personnalités du monde littéraire ou politique avec lesquelles M. Conan entre tenait des relations plus suivies.

En accomplissant ces tristes missions, ainsi effacée, comprimée, je me représentai le tableau de Quentin Matzys : la Déposition du Christ. Les apôtres, la Mère Douloureuse, soutenue par les saintes femmes, se penchent vers la victime divine, avec des gestes désespérés. Toute, la pitié du spectateur s’attache à ce groupe saint, personne ne prend garde à la pauvre Madeleine qui, humble comparse de la sublime scène, caresse la plaie des pieds tuméfiés, hébétée de douleur, presque insensible et retenant les larmes qui brûlent ses yeux rougis.

Mon maître n’était pas un Dieu, et je ne puis me comparer à une sainte. Mais cette attitude fut la mienne, pendant ces jours d’affolement. Douleur sans plainte et qui ne voulait pas être plainte.