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l’essor aux espoirs dissimulés, unir sa vie à celle de l’ami de jeunesse qui l’avait plainte et comprise, et qui partageait ses goûts d’art !

Etait-il possible que le malheur de sa destinée fût enfin conjuré ? Après une enfance rude et triste, une jeunesse comprimée, cette délivrance soudaine !

Annie joignit instinctivement les mains. Mais elle ne savait plus prier. Sa joie, au lieu de monter en action de grâces vers le Ciel, pénétrait son âme d’un attendrissement. Le monde lui apparaissait meilleur. Elle s’efforçait à l’indulgence envers ceux qui lui avaient fait mal — même envers cette tante Clélie qui restait sa terreur, à vingt-trois ans, comme au premier jour où, petite enfant, blottie dans les jupes maternelles, elle apercevait la femme, rigide et majestueuse, trônant au fond d’une sombre pièce, à laquelle sa mère venait demander asile.

L’effroi qui glaçait Annie devant l’austère figure aux lèvres serrées, au front de marbre, se traduisit par ce cri éperdu : « Maman ! maman ! allons-nous-en ? Je veux retourner chez nous, avec papa ! »

— Le roi dit : nous voulons ! rétorqua simplement Mme Clélie Le Goël. Et comme tu n’as plus