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— Ah ! tu m’aimes, dis !

Estelle crut que le ciel s’écroulait. Un baiser lui fermait les paupières, descendait, rapide et fougueux, vers ses lèvres. D’un effort désespéré, elle se libéra enfin :

— Oh ! Renaud !

Elle croyait crier son courroux… Et ce blâme résonnait comme un appel d’amour. Elle comprit qu’elle venait de se livrer. Et honteuse, elle cacha son front entre ses mains frémissantes.

Sûr de la victoire, maintenant, Renaud eut compassion de son trouble, et la laissa quelques secondes, se reprendre. Puis il murmura très bas, d’un accent si tendre qu’elle en fut bouleversée :

— Estelle, chère mienne !… Bien-aimée de mon rêve !…

Mais des pas s’approchaient. Le chemin se peupla. Tour à tour passèrent des bûcherons et des faneurs. Les deux jeunes gens se remirent en route. Ils n’osaient plus parler. Les derniers mots se prolongeaient en échos merveilleux.

Maintenant, ils atteignaient les parages habités et longeaient des clôtures de jardins. Estelle aperçut son frère, à sa place habituelle, sous l’ombre du sureau. Et près de lui, une tête curieuse qui allongeait le cou afin d’observer les deux promeneurs. Contrariée de reconnaître Caroline La-