Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dant qu’Estelle, les mains un peu tremblantes, dressait la table du festin et la fleurissait d’aubépines roses et blanches.

Et la vision, si souvent, si craintivement imaginée, se réalisa.

Elle l’aperçut devant elle, s’inclinant vers sa main, toujours plus tremblante, afin d’y poser un chevaleresque baiser.

— Qu’allons-nous en faire ? s’écriait Adrien, ivre de contentement lui-même. Le grand air le rend fou ! Je l’ai mené de la gare à l’auberge par le détour du bois ! Figure-toi qu’il voulait se rouler sur l’herbe et mâcher des genêts !

— Ayez pitié ! fit humblement Renaud. Ayez pitié d’un pauvre poète parisien ! Hier, le boulevard, la cohue, la poussière, la fumée ! Aujourd’hui, un bois bucolique, des taillis étincelant de fleurs, une rivière pavée de nénuphars ! Et puis, cette adorable petite ville, avec ses halles du moyen âge, sa basilique qui date des Croisades, un visage de fée à la gare, et sur l’enseigne de l’hostellerie qui consent à me recevoir, une sirène ailée qui se tortille, et le nom prestigieux de Mélusine ! C’est à se croire revenu au temps des trouvères ! Puis-je subir tout cela de sang-froid ? Comprenez un peu mon état d’âme !

Il leva les yeux vers Estelle, à ces derniers mots.