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réservant à Adrien son plus gracieux sourire.

Caroline Laguépie était une connaissance de Poitiers, qui témoignait à Estelle beaucoup d’intérêt, depuis que Mlle Gerfaux s’était retirée à Lusignan avec son frère.

— Ma chère, je puis enfin vous montrer mon amitié. En présence de nos geôliers, j’étais bouclée !

Le geôlier de Mlle Laguépie n’était autre que sa propre grand’mère, vieille femme atrabilaire et avaricieuse qui, octogénaire, se cramponnait du bec et des griffes à la vie. Caroline attendait impatiemment sa délivrance et l’héritage qui lui eût permis sans doute de sortir enfin du célibat où elle languissait encore, la trentaine dépassée.

Hautement, Mlle Laguépie avait pris le parti d’Estelle Gerfaux.

Elle procurait de l’ouvrage à l’émancipée, et la venait visiter assidûment à Lusignan — où l’appelaient, d’ailleurs, les réparations d’une ferme — ce qu’elle ne manquait pas de signaler. Mlle Caroline aimait se mettre en valeur, et se plaisait au rôle généreux et protecteur qui lui conférait la supériorité. Et il lui était agréable que son zèle eût pour témoin ce sympathique garçon, dont la fine tête d’artiste se détachait, avec une pâleur si distinguée, entre l’ombre de la chevelure soyeuse et de la courte barbe frisée.