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du maître, dans ce logis qui servait jadis de rendez-vous à tous les enfants de la famille Marcenat. Et les souvenirs se déchaînaient, innombrables.

— Vous rappelez-vous, monsieur Vincent ?

Pour Estelle et pour Adrien, il était insolite et un peu déconcertant même, d’entendre résonner, aussi familièrement, le prénom de M. Marcenat. Et pendant que l’avocat écoutait avec complaisance l’humble témoin de son passé, cet homme, grave, distant et froid, leur semblait tout à coup plus proche, plus sensitif, et comme rajeuni.

Ses impressions lointaines, à lui, se ravivaient d’autant mieux à retrouver la maison habitée, les croisées pénétrées de soleil, des chapeaux et des vêtements suspendus aux patères du couloir, le piano béant, les angles du salon fleuris de grandes gerbes champêtres.

— Mme Adèle a raison. Vous avez ramené la vie ici ! J’ai grand’peur seulement que vous n’y manquiez du confort le plus élémentaire ! ajouta-t-il. Je m’excuse de vous avoir livré une pareille masure.

Mais les deux jeunes gens protestaient à l’unisson. Une masure, quelle hérésie !… Qu’importaient les crevasses aux murs, les parquets disjoints !… D’ailleurs, à cette époque, ne vivait-on pas dans le jardin, le suave, l’exquis jardin où foisonnaient