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de pouvoir couper une rose, cueillir une fraise, courir sous la pluie tiède qui s’égoutte des feuilles. Et quel que fût le temps, son âme chantait elle ne savait quelle chanson allègre et délicieuse…

Chaque jour accroissait en elle cette mystérieuse joie… Peut-être parce que le cours des heures la rapprochait d’une date émouvante… Sans doute aussi parce que chaque jour amendait un peu l’état de son frère.

Bien maigre, bien pâlot encore sous le hâle, le jeune homme revenait lentement vers l’équilibre moral, en reprenant quelque vigueur physique. Ses nerfs, facilement excitables, s’apaisaient un peu. Les accès de dépression et de tristesse noire s’espaçaient en s’atténuant. Estelle, adroite, se servait du projet de l’œuvre prochaine comme d’un dérivatif et d’un adjuvant. Mélusine, entrée dans l’esprit de l’artiste, y régnait en souveraine. Adrien cherchait la dame de Lusignan, en de longues promenades, aux endroits qu’elle avait dû préférer, au fond des bois, ou au bord des sources…

Ses lettres à Renaud étaient pleines de ce sujet et de cette éternelle redite : quand donc arriverait la Pentecôte pour réunir les deux collaborateurs ?

Cependant, quelque chose désappointait la sœur