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— Rien n’est plus certain ! affirma Estelle. À Lusignan, on montre encore la fontaine — la Font-de-Cé — où elle apparut au chevalier Raimondin. Et aussi les vestiges de la tour d’où Mélusine se précipita, hurlante et désespérée, quand son secret fut découvert.

— Ah ! oui, se souvint Renaud. N’était-elle pas condamnée, une fois par semaine, à subir une pénitence, qui lui infligeait justement cette queue de lézard ? Son mari n’avait-il pas juré de lui laisser liberté complète, ce jour-là, sans jamais demander d’explication ?…

— Mais le butor, qu’elle avait fait riche et puissant, ne put se retenir de l’épier le jour défendu ! fit Adrien. Et Mélusine, condamnée pour l’éternité à cette forme monstrueuse, s’envola par une fenêtre du manoir de Lusignan, en ouvrant deux grandes ailes de chauve-souris…

— Elle m’a toujours été sympathique, cette pauvre fée que son pouvoir magique ne put préserver des pires souffrances humaines ! observa Estelle d’un air pensif et poursuivant la digression qui distrayait le malade. L’obligation de dissimuler envers celui qu’elle aimait devait lui être aussi dure que le châtiment en lui-même.

— Croyez-vous ? fit étourdiment Renaud. Que de femmes ont une queue de serpent à cacher, et