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près de sa tante qui cheminait à petits pas, ténébreuse, roide et pincée. Mais Estelle se sentait un courage qu’aucun obstacle n’arrêterait. Les Busset le devinèrent. Et la force secrète qui transfigurait la jeune fille imposa à ces peureux. Ils craignirent un éclat, à heurter de front l’insurgée.

Qu’elle allât donc où le vent l’emportait, à Paris, même au diable ! Ils s’en lavaient les mains.

Et sans plus d’opposition, Estelle Gerfaux, le lendemain, montait dans le train le plus matinal.



II


Estelle s’ébahissait de sa brusque émancipation, comme un paralytique qui retrouve le mouvement. Était-ce bien elle-même qui débarquait seule à Paris, seule se débrouillait des petites difficultés de l’arrivée, et qui, maintenant, roulait en taxi vers la rue Madame ?

Ces impressions de déplacement glissaient, d’ailleurs, sur la jeune fille. Estelle, durant le trajet en wagon et en voiture, n’envisageait qu’un but : cette chambre où elle arrivait enfin, haletante d’une longue inquiétude et des quatre étages trop vite escaladés.