Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une profonde secousse le bouleversa. La jeune femme, qu’il osait à peine envisager, lui était apparue plus belle, avec un charme plus extérieur et plus caractérisé, dans un épanouissement qui la rendait la figure la plus lumineuse de la réunion. Une sorte de honte le paralysa devant elle. Les réminiscences qu’il évitait d’habitude l’investirent.

Son malaise moral s’aggrava jusqu’à devenir intolérable. Renaud souhaita, avec impatience, se soustraire à cette humiliation. Mais encore plus, il envia de se racheter quelque peu dans l’opinion d’Estelle.

Des éléments moins louables mitigeaient cette aspiration édifiante. L’homme épris de féminité, avide de sensations neuves, se doublait, chez Jonchère, du littérateur professionnel, observateur implacable des autres et de soi, recherchant les expériences psychologiques. Il se représenta, avec une excitation singulière, les brûlantes péripéties d’une explication entre lui et Estelle. Une curiosité assez ambiguë le tourmenta de sa tentation. Il n’avait pas su les angoisses et les souffrances de la jeune fille, lors du délaissement. Il eût voulu les apprendre d’elle-même. Si intangible que fût Mme Marcenat, pourrait-elle, sans s’émouvoir, entendre les échos du passé ? Non, son exquise sensitivité, au son de la voix jadis chérie, frémi-