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nade improvisée ? Qui donc avait supposé, entre elle et Jonchère, quelque lien, et concerté ce méchant coup de théâtre ?

Si peu exercée qu’elle fût à la méfiance, Mme Marcenat ne demeura pas longtemps perplexe. Le regard sournois de chat embusqué, surpris l’autre soir, éclaira son esprit d’une lueur sinistre… Caroline. C’était Caroline, certainement. Seule aux Sables, elle savait l’amour ancien et la rupture. Estelle, à demi-voix, conclut :

— On a cherché à vous mystifier et à me nuire. Je garde ce billet qui me servira de témoignage, au besoin, contre l’auteur de ce mauvais tour.

Ses mains tremblaient de répugnance, tandis qu’elle enfermait le feuillet dans la bourse d’or, suspendue à sa chaîne. Mais Renaud ne se méprit pas. L’indignation de la traîtrise découverte agitait plus Mme Marcenat que la vue même de son ex-fiancé. Jonchère en fut interdit.

Il était arrivé là, bouillonnant d’espoirs complexes. Malgré l’indigne abandon, le sentiment le plus pur et le plus sincère que Renaud eût jamais éprouvé avait bien été son amour pour Estelle Gerfaux. Il ne pouvait penser à la suave idylle de Lusignan sans un soubresaut de conscience et un serrement de cœur.

Remis inopinément vis-à-vis d’Estelle mariée,