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à leurs voisins des Algues. Et cette stupide Estelle ne quittait pas d’une semelle son pédant de mari.

Il est vrai que celui-ci paraissait travaillé de pensers peu récréatifs, à en juger par son air concentré et ses manières distraites. Évidemment, le soupçon en germe se développait. Quand les deux époux partaient de compagnie, ce n’était plus avec l’amoureux élan du premier soir. L’œil policier de Mlle Laguépie enregistrait tous ces indices.

Si peu de chose suffirait à enflammer la mine préparée ! Un rien. Une rencontre en tête à tête de Mme Marcenat et de Jonchère, par exemple, et dont le mari se trouverait avisé, de façon ou d’autre ? Que de complications surgiraient de là, tout de suite ! Que d’ennuis à débrouiller pour la charmante Estelle !… Discussions, conflits, scandales. L’imagination de la demoiselle de compagnie supputait, avec délices, les pires conséquences. La moindre serait une fâcherie certaine entre les deux belles-sœurs.

Elle savait que Mme Dalyre, orgueilleuse, entière, — mais susceptible et timorée, — cédait toujours à la force des choses et aux faits accomplis. La veuve tolérait la femme de son frère, mais que ses préventions d’antan seraient promptes à réveiller ! Et n’éprouverait-elle pas quelque satisfaction maligne à confondre l’étrangère ?