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manquait d’entrain, ce soir. Et son esprit à facettes avait éteint tout scintillement. M. Castien se mit à décrire les fêtes des vendanges à Vevey. Et la dame de Lusignan sortit de l’entretien, malgré les sournoises tentatives de Mlle Caroline pour l’y retenir.

Nonobstant, l’excellente personne prenait un agrément infini à considérer M. Marcenat taciturne, les sourcils noués, la physionomie abstraite. Avec une divination diabolique, Mlle Laguépie suivait l’enchaînement de cette songerie morose. Les paroles qui venaient de s’échanger avaient dû être significatives pour le mari d’Estelle. Elles corroboraient si précisément les révélations de l’avertissement anonyme !

Vincent Marcenat, assurément, en ce va-et-vient de mots, avait saisi la vérité. Il n’en doutait plus : ce Renaud Jonchère, collaborateur d’Adrien, c’était bien le fiancé félon d’Estelle. C’était celui-là, l’imposteur ! qui avait capté les premiers rêves, la tendre confiance de la jeune fille ! Lui qui avait assisté à ce délicieux et émouvant prodige : l’aurore de l’amour dans une âme de vierge !

À cette certitude, sa poitrine se serrait, comme garrottée par des liens d’acier. Vincent entendait, au fond de lui-même, le soulèvement sauvage des instincts primitifs. Lui, l’homme juste et pondéré, il comprit instantanément, il excusa les rages de