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— C’est un devoir, tout simple, entre frères d’armes… J’appelle l’ambulancière au secours du camarade tombé dans le rang. À demain donc, mademoiselle, et soyez tranquille : Adrien est entouré de bons soins à notre petite pension. La maison est très respectable. Vous pouvez y descendre en toute sécurité.

— Merci, merci, monsieur ! bégaya Estelle de nouveau, sans trouver d’autres mots en sa stupeur.

Elle raccrocha le récepteur et se retourna vers sa tante. Aussitôt une grêle de reproches l’assaillit.

— Ai-je bien entendu ? Comment, tu te proposes de partir pour Paris, comme ça, tout à coup, sans crier gare, ni consulter personne ! Qui t’accompagnera ? Ce ne sera pas ton oncle, avec sa gastralgie ; ni moi, avec ma sciatique !… Tu es d’une inconséquence !

Estelle releva sa tête, courbée sous le grand chapeau aux longs voiles de crêpe, et très pâle, regarda la vieille dame dans les yeux.

— Une fille pauvre doit s’habituer à ne compter que sur elle-même et n’a que faire de chaperon. J’ai vingt et un ans, et je suis allée plusieurs fois à Paris avec mon père. Je saurai bien trouver mon chemin. Mon frère a besoin de moi. Rien au monde ne sera capable de me retenir.