Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa large part de compliments. Et les trois arrivants, introduits dans le hall, furent entraînés vers un goûter copieux et délicat, disposé sur une nappe de dentelle.

Vraiment, Mme Dalyre semblait innover un esprit et un goût tout modernes, en cette résidence neuve, de si bon ton. Peut-être quelque mérite en revenait-il à cette petite personne, correctement vêtue de foulard prune, qui surveillait l’ordonnance du plateau à thé, et chiquenaudait, d’un doigt expert, les frêles bouquets des tubes de cristal.

À l’entrée des invités de sa maîtresse, Caroline exécutait une révérence déférente, sans lever les yeux, avec une expression de réserve et de dignité : « Ma place est modeste, semblait-elle dire, je saurai y rester. À vous de m’y relancer, si cela vous plaît. »

Estelle, sans tant de calculs, s’arrêta pour lui tendre la main et lui adresser quelques paroles affables. Adrien, étourdiment, s’écria :

— Bah ! c’est Mlle Laguépie ! Il y a trois siècles que nous nous sommes vus ! Pas depuis Lusignan, je gage !

Et aussitôt l’artiste se détournait de Caroline, pour courir vers la baie où s’encadrait l’étendue rayonnante. Et il éclata en exclamations enthousiastes devant le vaste horizon, l’arc harmonieux de la longue grève, tendu des jetées du port aux