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vant la Création, dit-il, riant de lui-même. N’est-ce pas une renaissance ? Je me croyais si bien expulsé du monde.

Il vint s’asseoir devant Estelle, et lui prit les deux mains :

— Ah ! mon amie, j’avais si peur ! Votre figure s’effaçait, se dissolvait dans ce brouillard perpétuel. Je m’appliquais sans cesse à la dessiner en esprit, pour la maintenir devant moi.

Elle souriait, vaguement intimidée par ce visage où passaient des flammes inusitées. Vincent Marcenat, guéri, lui allait devenir un homme nouveau. Il reprit, d’une voix plus basse :

— Que de fatigues vous a coûtées votre pauvre aveugle ! J’ai grand’peur de m’être montré bien exigeant et d’avoir trop pesé, souvent, à ce bras mince.

Il mit deux doigts, comme un bracelet de chair, autour du poignet fin.

— Oh ! n’imaginez pas cela, dit-elle vivement. Et, avec une intention espiègle : — Vous serez heureux, vous, je le gage, de vous émanciper et d’envoyer promener votre guide ?

— Non. Mais je serai content de lui être une charge moins lourde, fit-il, en posant ses lèvres sur les longs doigts.

Le train s’arrêtait.