Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peine à se tirer de là avec honneur. Je le vois à la tête des juges.

Les objurgations indignées de l’orateur dépassaient, en effet, le procès actuel. Bouillonnant d’une émotion sincère, projeté en avant, le geste vengeur, l’accent virulent, il semblait plutôt réclamer la tête d’un coupable qu’une simple sanction juridique, se résolvant en dommages et intérêts. On eût dit qu’il cherchait à se faire entendre, au delà du prétoire, de l’adversaire absent, ou de quelqu’un de ces calomniateurs abjects qu’il flétrissait avec tant d’énergie.

À son insu, en cet instant même, Vincent Marcenat atteignait l’ennemi inconnu qu’il visait. Caroline Laguépie était là. Attirée par une curiosité morbide, après ce que lui avait appris Mme Dalyre au sujet de l’affaire Huchon, la demoiselle de compagnie était entrée au Palais et se dissimulait au dernier rang des auditeurs.

Instinctivement elle se ratatinait sous les fulgurantes invectives qui la criblaient. Mais une sorte de contentement orgueilleux tressaillait dans son cœur. Dans la véhémence passionnée de M. Marcenat, elle discernait le grondement douloureux d’un souvenir personnel. Et ainsi se trouvait-elle renseignée sur l’effet produit jadis par sa lettre.