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gnant de volupté idéale ou de paix religieuse.

Et la causerie alerte ensuite, les tasses de thé distribuées, donnait à son esprit l’occasion d’un mouvement salutaire, avec l’escrime agile des idées.

Estelle aux aguets voyait naître, sur le visage fatigué de tristes songes, un sourire indulgent et amusé, tandis qu’Adrien, au moindre choc de ses interlocuteurs, s’enflammait, crépitait comme une fusée d’artifice, éclatait en saillies, en paradoxes, en enthousiasmes.

M. Marcenat affectionnait cette jolie et vibrante nature d’artiste. Puis il est réconfortant et doux d’assister à un bonheur dont on fut l’ouvrier. Et Gerfaux, avec sa loyauté fougueuse, ne ménageait pas les effusions reconnaissantes à celui qui l’avait mis en bon chemin.

— C’est encore à vous que je dois cela, répétait-il à chaque succès nouveau.

Les prévisions de l’avocat se réalisaient. Le talent du musicien rayonnait au delà de la province où il avait pu se croire enfoui. Les « Chanteurs de Saint-Pierre » se faisaient connaître avec honneur, et étaient mandés dans les départements voisins. Une Berceuse du jeune compositeur, inspirée par un vieil air poitevin, avait obtenu un accueil des plus flatteurs à Paris, dans une soirée