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de dentelle blanche, la canne longue à pommeau d’argent divulguaient l’actrice, encore mieux que les paroles. Le regard de M. Marcenat glissa avec indifférence sur cette brillante personne, pour se fixer âprement sur l’homme, debout près d’elle.

La haute taille de l’inconnu s’accusait en vigueur sur le fond d’or du ciel, et aussi son profil net, accentué par la moustache recourbée. Il apparaissait jeune, beau, de mâle élégance, mais les yeux affaiblis de l’observateur ne parvenaient pas à saisir les détails de ses traits, les nuances de sa physionomie, et il se tenait trop loin pour discerner, de ses répliques, autre chose qu’un murmure presque musical.

Avec une exaspération muette, Vincent concentrait inutilement toutes ses facultés d’attention. L’objet de son examen restait flou, indistinct, en dehors de son champ visuel. Il eût été tout simple de s’approcher, pour satisfaire cette curiosité bizarre. Une sorte de honte, une répugnance retinrent M. Marcenat.

Et cependant, du fond de son esprit, fusaient d’incertaines pensées, troublantes comme des soupçons. Il se rappelait, à cette heure, l’aveu d’Estelle, et quelques lignes de la lettre anonyme, reçue avant leur mariage, et dont il gardait mémoire, en dépit de sa volonté et de son mépris.