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Après quoi, la conscience pacifiée, ayant accompli ce qu’elle se devait à elle-même, Mlle Laguépie put se mêler, avec discrétion, aux commérages, et répéter, comme les autres :

— C’est vraiment une chance inespérée, pour Estelle Gerfaux ! Car enfin, il faut bien le dire, elle n’a rien d’extraordinaire !

Il est rare que les castes se mélangent, dans le microcosme provincial, où tout a gardé à peu près sa place. Aussi, l’annonce du mariage projeté entre M. Marcenat, l’éminent avocat et professeur de la Faculté, et la sœur de l’organiste, provoquait-elle une certaine rumeur dans la capitale de l’ancienne Aquitaine.

Dans les rues, au parc de Blossac, à l’église, on se désignait, d’un clin d’œil ou d’un coup de coude, l’héroïne de l’histoire, cette jeune fille, très simple d’allures et de toilettes, qui n’offrait vraiment « rien d’extraordinaire ».

Derrière les stores des fenêtres ou les vitrines des boutiques, Mlle Gerfaux devinait, à son passage, les regards aux aguets, les chuchotements critiques. Elle sentait converger de toutes parts, sur elle, les pointes de l’envie, de la malignité ou du dédain.

Et quelle épreuve d’essuyer les congratulations intempestives et intempérantes de l’oncle et de la