taciturne, manifesta quelques velléités de causer.
— Dites-moi, demanda-t-elle de prime-saut à la demoiselle de compagnie, ne m’avez-vous pas parlé, à notre première entrevue, de M. Gerfaux et de sa sœur ? Vous les connaissez ?
Caroline perçut une intonation bizarre, sur ce nom de Gerfaux, et, circonspecte, resta sur ses gardes.
— Je les connais en effet quelque peu, fit-elle, d’un air détaché.
— Cette jeune fille est une de vos amies ? L’avez-vous fréquentée beaucoup ?
Que signifiait cet intérêt soudain pour Estelle ? De plus en plus méfiante, Mlle Laguépie éluda, de son mieux, les questions trop directes.
— Amie serait trop dire, répliqua-t-elle, réservée et ambiguë. Nous n’avons jamais été intimes. Ma grand’mère visitait sa tante. Ainsi nous nous apercevions de temps à autre. Et quand son frère tomba malade et qu’ils se réfugièrent tous deux à Lusignan, je pus leur rendre quelques services, ajouta-t-elle, avec la modestie d’un petit manteau bleu.
Mme Dalyre laissa tomber l’entretien. Mais dans le courant de la soirée, Mlle Laguépie revenant à ses pénates, la nouvelle carillonna enfin à ses oreilles : Estelle Gerfaux allait devenir la seconde Mme Marcenat.