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L’anneau, caché sous son gant, lui rappelait la promesse qui engageait son avenir. Cette promesse, elle ne la regrettait pas. Mais il faudrait, d’un bond, gagner le but. L’énergie s’use aux difficultés préliminaires. Et les moindres incidents agitaient la jeune fille d’inquiètes prévisions.

À la table de noces, environnée d’une guirlande de visages épanouis, Estelle se représentait ce que serait son propre mariage, si différent de cette fête cordiale. Au lieu du tendre émoi, de l’effervescente espérance des jeunes mariés d’aujourd’hui, quelles réticences graves, quelles anxieuses arrière-pensées, chez l’un et l’autre des époux ! Et, à la place de l’excellente Mme Françon, inondée de larmes affectueuses, il faudrait, hélas, envisager la méfiante et altière Mme Dalyre, si la sœur de M. Marcenat condescendait à sanctionner, par sa présence, une union qu’elle devait honnir.

La jeune fille frissonnait, à cette imagination, comme une enfant menacée de la fée Carabosse. Mme Dalyre la terrifiait. Et elle redoutait surtout les chagrins et les contrariétés qui résulteraient, pour M. Marcenat, d’un conflit avec sa sœur unique.

Le conseiller général, pour éviter les conjectures trop prématurées, s’était abstenu de figurer dans le cortège nuptial. Il avait assisté à la messe