Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est moi qui vous suis profondément redevable. Pardonnez-moi si je m’assure, d’une façon si draconienne, le bénéfice de votre dévouement. Je m’appliquerai à vous alléger votre tâche, pour qu’elle ne vous devienne pas trop pénible ni trop rebutante.

Cette humilité la remua profondément. Et dégelée enfin, elle laissa sortir du fond de son cœur ce qui l’étouffait.

— Ah ! monsieur, ce sera un bonheur pour moi, croyez-le bien, de vous devenir tant soit peu utile ! Je n’estime personne autant que vous. Et c’est pour cela que je crains de rester au-dessous de ce que vous attendez de moi.

Elle ne lui laissa pas le temps de parler et continua d’un jet, entraînée sur une pente irrésistible :

— Vous vous faites de moi une opinion trop haute et trop favorable. J’ai peur, je le répète, de ne pas satisfaire complètement à cette confiance. Et je crois loyal de vous dire la vérité, pour que vous me connaissiez mieux. Ma vie a subi… des traverses que vous ne soupçonnez pas… Un grand chagrin a passé sur moi, détruisant toutes les facultés d’illusion et d’enthousiasme de la jeunesse, et me laissant le cœur pour jamais refroidi… Il y a des sentiments qui n’éclosent qu’une fois…