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gris foncé, qu’éclairait seulement une aile blanche au chapeau et un nœud de broderie à l’entre-bâillement de la jaquette. Préoccupée et indifférente, Estelle laissait tomber, sans même les remarquer, ces hommages silencieux.

Le Palais de Justice se trouva sur son chemin, lui offrant, comme raccourci, la traversée de la magnifique salle des Pas-Perdus. La jeune fille pénétra dans l’édifice, derrière un groupe de touristes, et se plut à entendre les étrangers s’exclamer devant la nef spacieuse à la puissante charpente, et la triple cheminée gothique, et les arceaux fleuris des hautes fenêtres ogivales. Elle avait la fierté des souvenirs qui attestent les fastes anciens de sa très vieille province, et s’en glorifiait naïvement.

Soudain, à quelques pas, dans la travée qu’elle suivait, Estelle aperçut M. Marcenat. La mission dont Caroline l’avait chargée lui revint aussitôt à l’esprit. Elle eut un mouvement involontaire et un imperceptible arrêt. L’avocat, qui se séparait d’un interlocuteur et reconnaissait à cet instant la sœur d’Adrien Gerfaux, se méprit au geste indécis de la jeune fille. Il vint droit à elle.

— Vous désirez me parler, mademoiselle ?

Elle resta court, prise d’une timidité insolite. M. Marcenat, en toge, l’hermine sur l’épaule, portant de plus un lorgnon foncé, prenait un aspect