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fit rougir Estelle. Caroline se rendit compte enfin qu’elle dépassait en arrogance la mesure tolérée, et se mit à pleurer.

— Ma chère, excusez-moi ! Je ne suis plus maîtresse de mes paroles et de mes actes. C’est à en devenir folle, aussi, convenez-en. Je me vois si seule, si désemparée ! C’est tellement pénible à mon âge de reprendre le collier de servitude.

Elle parvint sans beaucoup de peine, en continuant sur ce ton, à émouvoir le cœur pitoyable d’Estelle. La sœur d’Adrien embrassa l’infortunée et lui prodigua ses exhortations. Pauvre Caroline ! Pour sa nature entière et orgueilleuse, l’épreuve serait dix fois plus pesante qu’à toute autre ! Et davantage, on devait l’en plaindre.

Les impressions de cette scène attristaient encore Mlle Gerfaux, tandis qu’elle remontait les rues escarpées. En parallèle de l’isolement précaire de Caroline, Estelle entrevoyait les difficultés de sa situation personnelle. Les bourgeons qui se gonflaient aux branches, les humbles végétations verdoyant aux murailles lui rappelaient l’approche du printemps. Bientôt, le terme arriverait où il lui faudrait avouer ses projets, préparer son frère à la séparation…

Plus d’un regard d’homme suivait la passante, d’une grâce fine et souple, dans sa sobre toilette