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Pourquoi n’y retournerions-nous pas quelques semaines ?

Estelle se raidit pour garder son maintien calme. Retourner à Lusignan ! Revenir dans ces lieux où elle avait souffert un si grand brisement, raviver les souvenirs pénibles dont elle essayait de se dégager ! Ah ! devait-on lui demander un pareil effort !

Adrien pressentit confusément cette résistance, et s’asseyant sur un tabouret, aux pieds de sa sœur, humble et câlin :

— Tu as tant fait pour moi ! murmura-t-il. Sois bonne jusqu’au bout !

Elle chercha une objection positive, la voix mal assurée :

— J’ai entendu dire que M. Marcenat prête sa maison au notaire de Lusignan, pendant que celui-ci fait reconstruire la sienne.

Gerfaux repartit avec vivacité :

— Parfaitement ! Mais une vieille demoiselle, amie du curé, qui demeure sur la place de l’église et possède un beau jardin, nous assurera volontiers le gîte et le couvert…

— Vas-y seul ! dit-elle, le souffle court. Moi, je préférerais demeurer ici, en repos.

Il lui tirailla les poignets, avec impatience.

— Méchante ! Tu fais exprès de me taquiner. Tu sais bien que…