Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle savait aussi de quelle image le regard d’Adrien restait illuminé quand elle voyait son frère rentrer, babillard, animé, un peu fou, rouge comme après un coup de soleil.

Le long crépuscule de juillet traînait encore ses lueurs roses et dorées sur les toits caducs et les frondaisons des jardins. La jeune fille, assise près de la fenêtre, que partageaient des montants de pierre, lisait un poème de Desbordes-Valmore, et elle s’était arrêtée, douloureusement, sur ce vers où s’exprime tout le vide que laisse l’amour envolé :

Toi qui m’as tout repris, jusqu’au bonheur d’attendre !

Elle la connaissait par expérience, cette inertie mortelle des jours dont on n’espère rien ! Ses mains amollies tombèrent, avec le volume, sur ses genoux. Elle regarda autour d’elle comme si elle cherchait, parmi les choses d’alentour, une consolation.

La table à ouvrage, en marqueterie, qui servait à sa mère, le secrétaire d’acajou où M. Gerfaux serrait ses papiers, cette crédence bretonne, ces fauteuils de tapisserie, ce tapis d’Orient fané, ces portraits et ces gravures lui parlaient de son enfance et de sa jeunesse, des veillées où, la broderie à la main, elle écoutait son père lire à voix haute.