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son nom, il avait pris l’habitude de taire sa réprobation et ses révoltes. Odette était ainsi. Rien ne modifierait sa nature turbulente et volontaire. Et c’était à lui-même que Vincent Marcenat adressait blâme et reproches, pour s’être donné cette compagne.

Toute espérance de bonheur intime perdue ; il s’était muré dans un silence hautain. Sa pensée, heureusement, gardait sa liberté d’essor, planait au-dessus des misères ambiantes. Mais lui serait-il possible de s’abstraire toujours en cette fière indépendance ?

Le masque impénétrable tomba une seconde, laissant voir des traits décomposés. La peur sourde, latente, qui hantait Vincent Marcenat en secret, l’agrippait de nouveau brutalement. Son regard inquiet fixa les lustres, étudia leur scintillement, puis scruta la vaste pièce où papillotait la foule remuante… La peur s’accentua, lui coulant de la glace dans les veines…

L’air lui sembla soudain irrespirable. Il sortit, fit quelques pas au delà du perron éclairé, aspira à longs traits le souffle glacé de la nuit. Mais, à ses yeux levés vers la voûte du ciel, les étoiles restèrent invisibles. Les pelouses et les bosquets s’enveloppaient d’ombres insondables. Il recula devant les ténèbres, comme un enfant pusillanime.