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pathétique, des sensations presque douloureuses. Mlle Gerfaux, en la sainte allégresse de ce jour restait à l’écart de la joie où communiait le peuple des fidèles. Au pied de l’autel, elle ne parvenait pas à chasser les perplexités qui assaillaient sa pensée.

Depuis dix jours au moins, aucune lettre de Renaud Jonchère n’était arrivée à la maison du plateau. Si l’on en croyait les promesses réitérées de l’écrivain, on le verrait dès demain à Lusignan. Peut-être, se proposant d’être exact à l’échéance indiquée, jugeait-il inutile d’avertir ses amis, et se réservait-il le plaisir de les surprendre. C’était à l’aide de cette supposition qu’Estelle faisait prendre patience à son frère, sans cesser de s’inquiéter secrètement elle-même de ce silence anormal. Quelque nouvel empêchement surgissait-il pour retenir Renaud ou attarder sa venue ?

Quoi qu’elle fît pour demeurer tranquille et confiante, Estelle sentait, avec effroi, renaître en elle les soupçons méchants qui l’avaient tant torturée, peu de semaines auparavant. Et il lui fallait rassembler les souvenirs enivrants de la dernière rencontre et les maintenir devant elle, pour se convaincre de folie coupable et reprendre le courage et la foi.

… La procession, puis le Salut avec toute sa