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porte d’entrée, elle aperçut, se détachant sur les briques rouges du sol, le carré blanc d’une lettre, et s’en saisit, le cœur bondissant. L’ami cher avait-il donc eu la prescience de son abandon, ce jour-là ?

Cette lettre, comme les précédentes, portait en suscription : M. et Mlle Gerfaux. Estelle avait donc tout droit de rompre le cachet. Elle s’enfuit, comme un avare qui court cacher son trésor, jusqu’au fond du jardin, afin que personne ne vînt troubler sa jouissance.

Tout de suite, aux affectueuses protestations du début, le vertige du parfum d’amour lui tournait la tête.

« Je suis près de vous, écrivait Renaud. Votre pensée me soutient et me rafraîchit l’âme ! Ah ! l’oasis poitevine, en regard de ce Paris d’été, malodorant, fétide, poudreux ! Et cependant m’y voici cloué par d’impératifs devoirs. J’hésite, depuis quelques jours, à vous l’avouer ! Pour garder la situation acquise récemment à la Vie mondaine, il me faut sacrifier mes vacances. »

Les mains d’Estelle s’abattirent sur sa robe.

— Comment ! il ne vient pas !…

La jeune fille rapprocha le papier de ses yeux, relut le paragraphe. Mais, avant qu’elle fût convaincue, son cœur se rapetissait, dur comme une pierre, dans sa poitrine serrée.