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d’émotion aux compliments. Geo, fermant l’album, déclara, solennelle et sincère :

— Tu es né artiste, Gabriel !

Le jeune homme eut un profond soupir :

— Hélas ! si mon père pouvait le croire ! Mais un vieux Rochelais, de la race obstinée des Guiton et des Duperré, ne se rend jamais : — Artiste, mon fieu ? Joli prétexte à musardises ! Remercie la Providence qui t’a pourvu d’une situation toute faite, d’un père prévoyant, et d’un commerce prospère. Et ne te risque pas à manger de la vache enragée !

Pauline, dont il requérait visiblement la sympathie, détourna les yeux.

Au fond, cette fille pratique donnait raison au père Turquant. Elle entrevoyait, sans déplaisir, dans ses mirages d’avenir, les vitrines du magasin d’optique, si brillantes le soir, et remplies d’une foule d’objets élégants, gracieux à manier pour une jolie marchande.

Geo, cependant, recommençait à feuilleter l’album.

— Si tu venais où nous allons, Gabriel ? En trouverais-tu là, des sujets de croquis nouveaux !

Le jeune homme, ébranlé par cette supposition, vacilla.

— Non ?… C’est vrai !… Après tout, ce ne serait pas impossible ? Peut-être ? Pourquoi pas ?…

— Pourquoi pas, en effet ? acquiesça avec bonhomie M. Servain. Turquant n’est pas un ogre. Il vous