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Gabriel, furieux, empoigna ses mèches désordonnées comme pour les arracher.

— Ne vous moquez plus ! C’est mal ! Vous savez trop bien que j’y étouffe, dans cette satanée boutique !

Geo, compatissante, glissa son bras grêle dans celui de son ami.

— As-tu ton album, Gabriel. S’est-il enrichi depuis que nous ne l’avons vu ?

Le jeune homme céda à la suggestion, et tira de la poche de son veston un carnet de toile.

— Regardez vous-mêmes !

Les têtes se rapprochèrent en cercle au-dessus du petit livre que Geo tenait ouvert.

Et des exclamations de plaisir ou d’étonnement saluèrent chaque page.

C’étaient, capricieusement alternées, des esquisses du port, des rues archaïques, du merveilleux Hôtel de Ville, de l’extraordinaire Tour de la Lanterne, des chaloupes, des thoniers, penchant leurs voiles en d’audacieux virages, comme les hirondelles qui trempent leurs ailes dans les flots. Puis des types de pêcheurs, de vendeuses de poisson, de paysannes, d’excursionnistes, tout cela indiqué en traits rapides et incisifs, par un crayon hardi et synthétique.

— Comme c’est cela ! répétait M. Servain amusé.

La maigre figure où, comme en ces dessins, s’opposaient violemment les pâleurs du teint mat et les tons d’encre de la chevelure indisciplinée, s’empourprait