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— C’est la vie, hélas !… mais…

Un coup de sonnette lui coupa la voix.

— Gabriel Turquant, sans doute ! s’exclama Geo, déléguée à cette heure au service de la porte et s’élançant.

— Gabriel ? Quand je parlais de mécréant ! marmonna M. Servain avec un sourire dans sa barbe.

Le nouveau venu s’introduisait familièrement dans la salle à manger. Ce grand garçon dégingandé, au profil en lame de sabre, à l’épaisse toison crépue, offrait dans toute sa maigre personne une originalité fantasque et spirituelle.

Rien qu’à observer ses manières d’être envers M. Mme  et Mlles  Servain, on devinait que son affection tendait à devenir filiale et fraternelle. Chaleureux avec le père, déférent et tendre avec la mère, cordial avec Eva et avec Geo, ce jeune homme parut pris d’une timidité soudaine en approchant de Pauline qui, demeurée seule à table, pliait méthodiquement sa serviette.

— Que me dit Geo ?… Est-ce vrai que vous partez aux Pyrénées ?

— Il paraît ! dit Pauline, flegmatique.

Gabriel, figé sur place, promena à la ronde un regard lamentable.

— Aux Pyrénées !… La mer ne vous suffit pas !… Et votre parc Charruyer ! Notre cher parc !… Notre Casino et son beau jardin !